=== Historique ===
[[Leynes]] est un village viticole situé sur un versant de la butte dominant la vallée de l’Arlois. Il est situé sur des terres données par Charles le Chauve aux moines fondateurs de l’abbaye de Tournus lors de leur arrivée en 875. Le village est mentionné pour la première fois en 1059 sous le nom de ''Lenna''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008. </ref>, lorsque les terres de Leynes sont une nouvelle fois données aux moines<ref>Les terres sont vraisemblablement accaparées par un seigneur local quelques temps avant cet acte de donation.</ref>. Ces-derniers s’y installent alors durablement et construisent un château (dit « Vieux Château ») dépendant de l’abbaye de Tournus. C’est sûrement de cette époque que date l’église du village, de la fin du XIe siècle ou du début du XIIe.
L’église Saint-Vital<ref>Selon la Pastorale du Tourisme, l’église est dédiée à Saint Vital de Retz, ermite anglais retiré en France, dont les reliques ont été ramenées par les moines de Noirmoutiers installés à Tournus.</ref> est mentionnée pour la première fois au XIIe siècle (vers 1120), dans une charte, sous l’appellation ''Ecclesia Sancti-Vitalis de Lenna''<ref>Rigault. Il cite l’''Histoire de l'abbaye Royale et de la ville de Tournus'', par le père Pierre-François Chifflet, 1664, p. 401.</ref>. C’est alors l’église paroissiale, et les moines venus de Tournus se chargent d’assurer le service religieux. De cette construction romane, il ne reste aujourd’hui que la travée sous clocher et ses croisillons, ainsi qu’une partie de la nef.
En effet, le Moyen Age est une période de grande instabilité à Leynes. En 1230, le juif Jocenius<ref>Défontaine, Patrick, ''Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon : (Xe - XIVe siècles)'', thèse de doctorat, Dijon, 2013.</ref> s’empare ainsi du château des moines (ainsi que du prieuré de [[Saint-Romain-des-Iles]]), afin d’y établir son quartier général. De là, il lance des pillages dans toute la région. Cependant, Louis IX devient peu après le comte de Mâcon. Il rétablit alors l’ordre dans ces territoires. Peu après cet épisode, le château des moines est fortifié, afin de servir de refuge aux habitants<ref>Cette fortification est peut-être le fait du roi, comme à Saint-Romain-des-Iles.</ref>.
Par la suite, Leynes devient une place forte du duché de Bourgogne, car sa position permet le contrôle de la plaine de la Saône. Le territoire devient un enjeu important dans le contexte de la Guerre de Cent ans, et dans le conflit entre Armagnacs (derrière le roi) et Bourguignons (fidèles au duc de Bourgogne) qui s’y superpose. Le château des moines, édifié sur une éminence, et cité en 1423 lorsqu'il est pris par les troupes anglaises, alliées des Bourguignons. En 1433, les Armagnacs reprennent le château après l’occupation des Bourguignons<ref>En 1435, la Paix d’Arras est conclue entre le roi de France et le duc de Bourgogne. </ref>.
Par la suite, les moines reprennent visiblement le contrôle de leur château, et engagent sa restauration. En 1450, ils y construisent notamment leur propre chapelle. L’église du village est dès lors laissée aux mains d’un curé séculier nommé par l’abbé de Tournus et qui gère l’office. Le répit est de courte durée pour les moines, puisqu’en 1471, alors que Louis XI (roi de France) est en guerre avec Charles le Téméraire (duc de Bourgogne), ses troupes s’emparent de la forteresse et la font brûler.
En ce qui concerne l’église, elle ne sort pas indemne des affrontements qui ont lieu au village à cette période. Des remaniements sont donc engagés au XVe siècle, avec notamment la reprise des portails de la façade et du côté sud. Plusieurs autres signes de reprises sont visibles dans la maçonnerie de l’édifice. Le niveau supérieur du clocher pourrait dater de cette époque.
Les Guerres de Religion du XVIe siècle amènent de nouveaux troubles à Leynes. En 1563, le cardinal de Guise, abbé de Tounus, refuse de payer sa participation aux levées de fonds demandées par le roi Charles XI pour affronter les Calvinistes. Les biens de l’abbaye à Leynes sont donc confisqués et vendus en justice. Le château restera à l’état de ruine pendant plus d’un siècle.
L’église est également sévèrement touchée par ces troubles. Au XVIIe siècle, l’abbé Braissoud entreprend de restaurer et d'agrandir l’église. De 1670 à 1672, celle-ci est allongée de 7 mètres vers l’est. Deux chapelles sont également accolées aux croisillons de la travée romane. Les travaux sont réalisés avec les pierres du château, ramenées les dimanches après l’office par les habitants, accueillis par le curé qui, dit-on, leur payait à boire<ref>Document de présentation de l’édifice disponible sur place.</ref>.
En 1708, l’abbaye de Tournus récupère le château, en bien mauvais état. Les travaux les plus urgents sont réalisés par la suite. A la Révolution française, les Marseillais en chemin vers Paris brûlent les ornements de l’église sur la place publique, brisent des vases sacrés et renversent la Croix des Batailles<ref>Carte postale ancienne.</ref>. L’église est ensuite vendue comme bien national, tout comme la terre et la seigneurie.
Au XIXe siècle, l’église (récupérée par la commune) est vraisemblablement rénovée plusieurs fois. Cependant, seule la restauration de 1883-1884 est documentée. A cette occasion, les murs sont notamment rehaussés, les dallages repris et la nef déplafonnée. Cette dernière est munie de voûtes en arêtes et d’une tribune.
[[Fichier:LeynesEgliseMauriceUtrillo.jpg |thumb|400px|center|Eglise de Leynes par Maurice Utrillo, 1915]]
Au XXe siècle, l’église est assez bien entretenue, avec notamment une restauration complète au milieu du siècle. Des éléments de mobilier sont ajoutés, comme les vitraux modernes en 1989. L'édifice est depuis régulièrement entretenu.
=== Description architecturale ===