=== Historique ===
La localité de Fuissé est mentionnée dès le IXe siècle, dans des chartes du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. On la trouve d’abord sous l’appellation ''In pago Matisconense, in agro Fusciacense''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>, dans la première moitié du IXe siècle. Au Xe siècle, Fuissé est cité à de nombreuses reprises dans le cartulaire. Le village aurait cependant des origines beaucoup plus ancienne, puisqu’il se trouve sur le tracé d’un ancien chemin celte, le ''Molard Galli''<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. La source du Romanin serait à l’origine du développement du village. Dès l’époque carolingienne, Fuissé prend une importance certaine dans l’organisation territoriale de la région. L’activité du village est essentiellement de nature viticole : le bourg est bordé de vignes.
Fuissé étant un centre de peuplement relativement ancien et le chef-lieu d’un ''ager'' important<ref>Oursel : référence à l’ouvrage de Mgr Rameau.</ref>, il devait y avoir une chapelle dès le Xe siècle. L’église actuelle semble cependant plutôt dater du XIIe siècle. L’église est alors à la collation du chapitre de Saint-Paul à Lyon. Dédiée à saint Germain d’Auxerre<ref>Saint Germain (vers 380-448) : fonctionnaire de l’empire romain, il devient le 6ème évêque d’Auxerre en 418. Il est reconnu pour avoir été l’évangélisateur de l’Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 Juillet.</ref>, il s’agit à sa fondation d’une église paroissiale romane de taille modeste, semblable à celles que l’on trouve dans les villages voisins : une nef unique, suivie d’une travée sous un clocher carré et d’une abside semi-circulaire, qu’entourait le cimetière du village. De cette construction, il ne reste aujourd’hui aujourd'hui que la travée sous clocher, le niveau inférieur de ce dernier, et une partie de la nef (on y distingue encore des traces d’ouvertures anciennes). L’église de Fuissé n’est est mentionnée pour la première fois dans le pouillé (registre ecclésiastique) de 1412, sous l’appellation ''Ecclesia Fussiaci''. Un premier curé est attesté au siècle précédent, nommé Théobald, auquel succède une longue liste de desservants répertoriés par Monseigneur Rameau<ref>Rameau (Mgr), ''Les paroisses de l’ancien diocèse de Mâcon.''</ref>. Peu d’informations nous sont parvenues concernant l’évolution de l’église au Moyen Age. On ne sait par exemple pas si l’édifice subit des dommages lors des guerres successives<ref>Conflit opposant Armagnacs et Bourguignons au XVe siècle, guerres de Religion au XVIe…</ref>, mais cela paraît probable.
En 1610, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié se trouve tout à côté de l’église, dans l’enceinte même du cimetière. En 1668, Michel de Colbert, évêque de Mâcon, rend visite à la paroisse de Fuissé. Son rapport nous apprend que le village comprend alors 70 foyers, soit près de 450 habitants<ref>Document de l’Association Villages en Vie</ref>. En 1757 le père Claude Nonain<ref>Ibidem</ref>, curé de la paroisse, dresse la description de son église. Il mentionne alors que « le clocher carré est assez élevé, et couvert d’un toit octogone à laves ». Il fait également référence à la chapelle attenante, à l’époque toujours debout. En 1768, la nef est visiblement remaniée et notamment ouverte au sud d’une petite porte plein cintre à clef et impostes saillantes. Une inscription gravée au milieu d’un cœur donne la date de sa construction : le 12 Mars 1768.
A la Révolution, le Père Nonain (neveu du précédent), curé en place, est signataire de la Constitution civile du clergé. Cela ne l’empêchera pas d’être emprisonné et remplacé successivement par deux prêtres assermentés<ref>Ibidem</ref>. En 1797, il reprend officieusement sa charge de curé, mais n’est reconnu comme tel qu’en 1801 lorsque le régime concordataire est mis en place. Si l’église n’est pas détruite par les révolutionnaires, elle est cependant pillée de ses biens et de son mobilier, si bien qu’au retour du curé, il lui est difficile de célébrer l’office et d’accueillir les fidèles. L’église n’est en tout cas pas vendue comme bien national, grâce à la mobilisation de la population qui s’y oppose fermement.
A la fin de la période révolutionnaire, l’édifice est en bien mauvais état. La nécessité de réaliser des travaux avait déjà été mentionnée à la fin du XVIIIe siècle, mais n’avait pas donné suite rien n'avait été fait, faute de moyens. En 1807, un compte-rendu du conseil municipal énumère les nombreuses réparations plus ou moins urgentes, notamment au niveau de la toiture. Ces travaux ne seront encore une fois pas réalisés, la commune n’ayant pas obtenu d’aide pour leur financement.
Un véritable projet de restauration n’est avancé qu’à partir de 1818. Un état des lieux rend compte d’un édifice devenu trop exigu pour la population de près de 600 habitants, dont la charpente tombe en morceaux et dont l’intérieur est extrêmement humide. Un premier devis est établi en 1821 par l’architecte Roch (fils), de Mâcon. Il prévoit notamment l’agrandissement et la restauration de la nef, ainsi que l’exhaussement du clocher, pour 6831.01 francs<ref>Oursel</ref>. Un devis supplémentaire chiffré à 464.52 francs vient s’ajouter en 1822, afin de réaliser le portail de la façade et d’autres petits ajouts (enduits…).
L’entrepreneur Orleat se charge de la réalisation des travaux. La nef est donc remaniée et agrandie en largeur et en longueur, en réutilisant la maçonnerie d’origine complétée par des remplois tirés du mur du cimetière. Le clocher est entièrement restauré et voit son niveau supérieur ajouté. En 1825, l’abside semi-circulaire de l’église s’écroule, fragilisée par les travaux et l’usure du temps. Un chœur à chevet plat vient la remplacer et s’adosser directement à la maison voisine, appartenant à la famille Chapuis. Il est financé par Mr Ange Vitallis<ref>Document de l’association.</ref>, propriétaire du château éponyme. L’église ferme dès lors un ensemble de bâtiments en forme de U, avec au cœur centre le cimetière, et donnant sur la place à l’ouest.
Suite à ces travaux, le Père Maneveau (curé de 1823 à 1835) s’attache à faire de l’église un lieu de culte agréable et accueillant (bien qu’il la juge encore trop petite). Il rachète ainsi le mobilier nécessaire au culte et fait en sorte que l’édifice soit bien entretenu. En 1834, le cimetière adjacent est déplacé en dehors du bourg, afin de l’agrandir et d’assainir les environs de l’église. En 1844, le Père Glaneur prend sa charge à Fuissé. Il trouve également l’église trop petite et encore humide malgré les travaux. Peu à peu, l’idée de construire une église plus vaste en dehors du bourg fait son chemin.