La Grange Sercy à Ameugny : Différence entre versions

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Le village d’Ameugny est mentionné dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon dès le IXe siècle : ''In pago Matisconense, in agro Agniacense, in villa Amoniaco''<ref>Rigault, Jean, ''Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire'', 2008.</ref>. C’est une zone de peuplement très ancienne, dont le territoire est étendu et complété par deux hameaux : Le Bois Dernier et La Grange-Sercy. Ce dernier, aussi orthographié Cercy ou Sercie<ref>A ne pas confondre avec le village voisin de Sercy, où se trouve un château seigneurial.</ref>, est situé à l’emplacement d’une ''villa'' romaine : la ''villa de Sarceio'' (ou ''Serciaco''). Il se compose alors d’un assemblage d’exploitations agricoles confiées à des familles paysannes par divers seigneurs, laïcs ou religieux. A partir de la fin du Xe siècle, l’abbaye de Cluny tente de récupérer des terres située au hameau de Sercy. Ce n’est cependant que vers 1070-1080 que l’abbaye réussit une première implantation locale importante. A cette date, Jocerand et Bernard, membres de la famille des Gros (d’Uxelles) se font moines et rejoignent l’abbaye. En cette occasion, leur famille cède à Cluny des terres et des hommes « entre la Grosne et la Guye »<ref>GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, GUERREAU Alain, SALVEQUE Jean-Denis, IMPEY Edward, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles »</ref>.
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A partir de 1080, suite à cette donation, l’abbé Hugues de Semur charge un des administrateurs de Cluny, le cellérier Hugues de Bissy, de former un ensemble foncier compact à Sercy. Celui-ci s’attache donc à récupérer les seigneuries et les droits d’exploitation des terres, grâce à divers achats, échanges et donations avec des particuliers. C’est typique de la stratégie clunisienne de l’époque : l’abbaye est alors en pleine expansion et entreprend d’accumuler les terres autour de Cluny pour augmenter son pouvoir et ses revenus. L’abbaye récupérait les propriétés soit par achat, soit en motivant des donations seigneuriales par des avantages religieux. Une fois les terres de Sercy obtenue par l’abbaye, qui forment dès lors un domaine foncier compact, elle y construit un vaste domaine agricole, dans un contexte régional d'expansion démographique et économique. Le hameau de ''Serciacum'' devient alors la Grange-Sercy, une des nombreuses granges clunisiennes.
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En 1214, une querelle éclate entre l’abbaye de Cluny et Jocerand V de Brancion, à propos du doyenné de [https://wiki-macon-sud-bourgogne.fr/index.php?title=Eglise_Saint-Hippolyte_%C3%A0_Bonnay Saint-Hippolyte]. A l’issue d’une médiation entre les deux camps, le seigneur abandonne toute prétention sur la Grange-Sercy. Cet événement laisse donc supposer que la Grange-Sercy était rattachée au doyenné de Saint-Hippolyte<ref>Garrigou-Grandchamps</ref>. Outre cette mention de la Grange, peu de documents nous sont parvenus à son sujet, ce qui peut en partie s’expliquer par l’absence de lieu de culte (le domaine de Sercy n’apparait donc pas dans les pouillés). Néanmoins, un décompte de 1321 renseigne sur la production céréalière du domaine agricole, qui est alors référencé séparément de Saint-Hippolyte. A l’époque, la Grange-Sercy fournit à l’abbaye cinquante setiers de froment, soixante setiers d'avoine et quatre-vingts setiers de vin<ref>Ibidem</ref>. A la fin du XIVe siècle, la production est la même, mais aucune indication n’est donnée au sujet du vin.
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Après ces brèves mentions, on ne retrouve la Grange Sercy qu’au XVIIIe siècle. A cette époque, un inventaire des biens de Cluny est organisé. C’est dans cette optique que sont dressés les plans de la Grange-Sercy. Bien qu’ils soient peu clairs et partiellement conservés, ils donnent à voir l'importance du domaine, vaste exploitation agricole de premier choix.  A la Révolution, l’exploitation est vendue comme bien national, en un bloc, pour 71 100 livres. Les acquéreurs sont les sieurs Debrie et Humblot. Ce dernier a beaucoup profité de la vente des biens ecclésiastiques et ne s’est intéressé qu’à ceux qui étaient intéressants<ref>Ibidem</ref>. Le fait qu’il achète le domaine soutient bien l’idée d’une exploitation prospère.
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La Grange-Sercy est depuis cette période une propriété privée. Elle a changé plusieurs fois de propriétaires et est depuis les années 1940 exploitée par la famille Comte. Des bâtiments romans, il ne reste qu’une large tour rectangulaire. Le reste des bâtiments date des XVIIIe et XIXe siècles. Les propriétaires ont également modernisé l’exploitation, notamment grâce à des panneaux solaires installés sur une étable.
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Pour suivre l’exploitation, voir leur site internet :
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De l’ancien domaine agricole roman, il ne reste aujourd’hui qu’une remise, à l’écart des bâtiments modernes de l’exploitation (des XVIIIe et XIXe siècles).
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On distingue dans la maçonnerie les contours d’une porterie romane (large arcade brisée), ainsi qu’une baie géminée murée dont les arcs en plein cintre sont ornés de lobes, sous ce qui semble être une frise de modillons nus.
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La tour comporte plusieurs ouvertures postérieures (dont une rectangulaire qui donne sur le vide et semble dater du XIIIe siècle<ref>Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental. </ref>) et est accolée à un petit bâtiment dont la datation est incertaine.
  
 
=== Inventaire décor et mobilier ===
 
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Version actuelle datée du 29 septembre 2020 à 22:08

La Grange-Sercy est située à Ameugny, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Il s'agit d'une ancienne grange clunisienne vraisemblablement bâtie au XIIe siècle. Elle appartient alors au doyenné de Saint-Hippolyte, situé à Bonnay. Cette époque est une période d'expansion démographique et économique dans la région. Hugues de Semur, abbé de Cluny, s'attache alors à constituer un domaine unifié important à Sercy, via diverses transactions entre des particuliers et l'Abbaye de Cluny. Peu de documents nous sont parvenus au sujet de la Grange-Sercy dans les siècles suivants, seule sa production de céréales étant renseignée au XIVe siècle (elle est alors comptée séparément de Saint-Hippolyte). Elle ne réapparaît qu'au XVIIIe siècle, lorsque ses plans sont dressés lors d'un inventaire des biens de Cluny. Ceux-ci donnent à voir l'importance du domaine, vaste exploitation agricole de premier choix. A la Révolution française, elle est vendue comme bien national et est dès lors privée. La Grange-Sercy fait aujourd'hui partie d'une exploitation agricole où elle sert de remise à outils. Elle est dans un état assez précaire et ne se visite pas.

La Grange-Sercy (©CEP)
Adresse La Grange Cercy, 71460 Ameugny
Coordonnées GPS 46°31'24.3"N 4°39'28.0"E
Paroisse de rattachement /
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village d’Ameugny est mentionné dans une charte de Saint-Vincent de Mâcon dès le IXe siècle : In pago Matisconense, in agro Agniacense, in villa Amoniaco[1]. C’est une zone de peuplement très ancienne, dont le territoire est étendu et complété par deux hameaux : Le Bois Dernier et La Grange-Sercy. Ce dernier, aussi orthographié Cercy ou Sercie[2], est situé à l’emplacement d’une villa romaine : la villa de Sarceio (ou Serciaco). Il se compose alors d’un assemblage d’exploitations agricoles confiées à des familles paysannes par divers seigneurs, laïcs ou religieux. A partir de la fin du Xe siècle, l’abbaye de Cluny tente de récupérer des terres située au hameau de Sercy. Ce n’est cependant que vers 1070-1080 que l’abbaye réussit une première implantation locale importante. A cette date, Jocerand et Bernard, membres de la famille des Gros (d’Uxelles) se font moines et rejoignent l’abbaye. En cette occasion, leur famille cède à Cluny des terres et des hommes « entre la Grosne et la Guye »[3].

A partir de 1080, suite à cette donation, l’abbé Hugues de Semur charge un des administrateurs de Cluny, le cellérier Hugues de Bissy, de former un ensemble foncier compact à Sercy. Celui-ci s’attache donc à récupérer les seigneuries et les droits d’exploitation des terres, grâce à divers achats, échanges et donations avec des particuliers. C’est typique de la stratégie clunisienne de l’époque : l’abbaye est alors en pleine expansion et entreprend d’accumuler les terres autour de Cluny pour augmenter son pouvoir et ses revenus. L’abbaye récupérait les propriétés soit par achat, soit en motivant des donations seigneuriales par des avantages religieux. Une fois les terres de Sercy obtenue par l’abbaye, qui forment dès lors un domaine foncier compact, elle y construit un vaste domaine agricole, dans un contexte régional d'expansion démographique et économique. Le hameau de Serciacum devient alors la Grange-Sercy, une des nombreuses granges clunisiennes.

En 1214, une querelle éclate entre l’abbaye de Cluny et Jocerand V de Brancion, à propos du doyenné de Saint-Hippolyte. A l’issue d’une médiation entre les deux camps, le seigneur abandonne toute prétention sur la Grange-Sercy. Cet événement laisse donc supposer que la Grange-Sercy était rattachée au doyenné de Saint-Hippolyte[4]. Outre cette mention de la Grange, peu de documents nous sont parvenus à son sujet, ce qui peut en partie s’expliquer par l’absence de lieu de culte (le domaine de Sercy n’apparait donc pas dans les pouillés). Néanmoins, un décompte de 1321 renseigne sur la production céréalière du domaine agricole, qui est alors référencé séparément de Saint-Hippolyte. A l’époque, la Grange-Sercy fournit à l’abbaye cinquante setiers de froment, soixante setiers d'avoine et quatre-vingts setiers de vin[5]. A la fin du XIVe siècle, la production est la même, mais aucune indication n’est donnée au sujet du vin.

Après ces brèves mentions, on ne retrouve la Grange Sercy qu’au XVIIIe siècle. A cette époque, un inventaire des biens de Cluny est organisé. C’est dans cette optique que sont dressés les plans de la Grange-Sercy. Bien qu’ils soient peu clairs et partiellement conservés, ils donnent à voir l'importance du domaine, vaste exploitation agricole de premier choix. A la Révolution, l’exploitation est vendue comme bien national, en un bloc, pour 71 100 livres. Les acquéreurs sont les sieurs Debrie et Humblot. Ce dernier a beaucoup profité de la vente des biens ecclésiastiques et ne s’est intéressé qu’à ceux qui étaient intéressants[6]. Le fait qu’il achète le domaine soutient bien l’idée d’une exploitation prospère.

La Grange-Sercy est depuis cette période une propriété privée. Elle a changé plusieurs fois de propriétaires et est depuis les années 1940 exploitée par la famille Comte. Des bâtiments romans, il ne reste qu’une large tour rectangulaire. Le reste des bâtiments date des XVIIIe et XIXe siècles. Les propriétaires ont également modernisé l’exploitation, notamment grâce à des panneaux solaires installés sur une étable.

Pour suivre l’exploitation, voir leur site internet :

La Grange-Cercy

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

  • Description des vestiges[7] :

De l’ancien domaine agricole roman, il ne reste aujourd’hui qu’une remise, à l’écart des bâtiments modernes de l’exploitation (des XVIIIe et XIXe siècles). Il s’agit d’une large tour rectangulaire coiffée d’une courte pyramide à quatre pans.

On distingue dans la maçonnerie les contours d’une porterie romane (large arcade brisée), ainsi qu’une baie géminée murée dont les arcs en plein cintre sont ornés de lobes, sous ce qui semble être une frise de modillons nus.

La tour comporte plusieurs ouvertures postérieures (dont une rectangulaire qui donne sur le vide et semble dater du XIIIe siècle[8]) et est accolée à un petit bâtiment dont la datation est incertaine.

Inventaire décor et mobilier

  • Arcade en cintre brisé
  • Baie géminée murée, dont les arcs en plein cintre sont ornés de lobes, sous une frise de modillons nus

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

Travaux d’entretien. Ajouts de bâtiments.

XXe :

Travaux d’entretien.

XXIe :

Installation de panneaux solaires.

  • Etat :

La grange est en ruine et sert de remise à outils.

  • Classement :

/

Actualités

La Grange Sercy est une exploitation agricole. Voir son site internet :

La Grange Cercy

Visite

La Grange-Sercy est une propriété privée et fait partie d’une exploitation agricole.

Elle ne se visite pas.

Association engagée

/

Iconographie ancienne et récente

Ameugny - Carte postale ancienne, collection privée.


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Bibliographie

  • GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, GUERREAU Alain, SALVEQUE Jean-Denis, IMPEY Edward, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles », In: Bulletin Monumental, tome 157, n°1, année 1999. Demeures seigneuriales dans la France des XIIe-XIVe siècles. pp. 71-113.

Accès en ligne

  • MEHU, Didier, Paix et communautés autour de l'abbaye de Cluny - Xe-XVe siècle, Aubenas, PUL, 2001.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 :

Archives départementales du département de la Saône-et-Loire

  • Fiche commune de la Bourgogne Romane :

Ameugny

  • Document de la mairie d’Ameugny sur l’histoire de la commune
  • Page sur Ameugny :

Informations sur la Grange Sercy tirées de l’ouvrage de Georges Duby, Hommes et structures du Moyen Age.

Propriétaire / Contact

La grange est une propriété privée et ne se visite pas.

Propriétaires : Famille Comte

Site internet de l’exploitation agricole

Patrimoine local et/ou folklore

Eglise romane construite en plusieurs phases, aux XIe et XIIe siècles. Elle est notamment remarquable pour son clocher orné de bandes lombardes et percé de baies trigéminées.

L’église est classée Monument Historique depuis 1913.

Edifice partiellement roman (Xe et XIIe siècle) constitué de styles architecturaux hétéroclites. L’église a été remaniée de nombreuses fois, ce qui rend sa datation difficile. Il s’agit vraisemblablement d’un des édifices les plus anciens de la région.

Les colonnes de la travée sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 1932.

Eglise romane construite au XIIe siècle, qui semble avoir également conservé des vestiges d’une chapelle primitive du Xe siècle.

Elle est classée Monument Historique depuis 1913.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de la Saône-et-Loire, 2008.
  2. A ne pas confondre avec le village voisin de Sercy, où se trouve un château seigneurial.
  3. GARRIGOU-GRANDCHAMP Pierre, GUERREAU Alain, SALVEQUE Jean-Denis, IMPEY Edward, « Doyennés et granges de l'abbaye de Cluny. Exploitations domaniales et résidences seigneuriales monastiques en Clunisois du XIe au XIVe siècles »
  4. Garrigou-Grandchamps
  5. Ibidem
  6. Ibidem
  7. Pour une description plus détaillée des lieux, voir l’article collectif sur les doyennés clunisiens mentionné dans la bibliographie.
  8. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.