Chapelle Saint-Martin à Saint-Martin-la-Patrouille

De Wiki Mâcon Sud Bourgogne

La chapelle Saint-Martin est située à Saint-Martin-la-Patrouille, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est le vestige d’une ancienne église tour à tour annexe de Saint-Huruge, Saint-Marcelin-de-Cray et Joncy. Sa construction pourrait remonter au XIe siècle. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que la travée droite du chœur et l’abside, éclairée par trois baies anciennes très étroites. Celle-ci est par ailleurs outrepassée, c’est-à-dire que son extrémité est moins large que son diamètre, ce qui pourrait indiquer une très haute ancienneté. En 1829, l’église est jugée en mauvais état, et un ordre de démolition est établi. Les habitants se mobilisent cependant pour sauver leur église avec succès, à l’exception de la cloche qui part pour Joncy. En 1913, la nef semble s’être finalement effondrée. Le clocher, sa travée ainsi que les restes de la nef sont détruits, et le chœur, fermé par un pignon moderne ouvert d’une grande baie vitrée, est transformé en chapelle. La chapelle Saint-Martin est désormais régulièrement entretenue. Toujours située dans l’enceinte du cimetière, elle fait face à un panorama exceptionnel. L’intérieur est tout en sobriété, principalement meublé d’une statue de la Vierge à l’enfant, posée sur l’autel.

Chapelle Saint-Martin (©CEP)
Adresse A 1 km du Bourg, direction Saint Huruge, sur une colline, 71460 Saint-Martin-la-Patrouille
Coordonnées GPS 46°34'52"N 4°33'27"E
Paroisse de rattachement Paroisse Saint Louis entre Grosne et Guye
Protection Monuments Historiques /

Historique

Le village de Saint-Martin-la-Patrouille est cité pour la première fois en 960 dans une charte de l’abbaye de Cluny : In pago Matisconensi, in fine Terciacensi[1]. Dans les siècles qui suivent, le village est tantôt nommé Saint-Martin-sur-Guye, tantôt Saint-Martin-de-Patrouille. Etymologiquement, Patrouille viendrait de la zone dans laquelle se trouve le village, une zone marécageuse dans la vallée de la Guye[2]. A la Révolution, le village prend brièvement le nom de Bragny-sur-Guye[3].

Une église est déjà citée à Saint-Martin-la-Patrouille vers 1030, dans une charte du chapitre de Saint-Vincent de Mâcon : Ecclesia Sancti-Martini que est juxta Sedriacum (lire Sedtjacum) castrum[4]. Elle est située à l’écart du bourg, sur une colline qui fait face aux châteaux de Saint-Huruge et domine la campagne environnante, et est entourée de son cimetière. Elle est le centre de la Parrochia Sancti-Martini super Guiam[5], citée en 1267, et est à la collation de l’évêque de Mâcon. On sait peu de chose sur son histoire. Elle est cependant une simple église annexe dès le XVIIe siècle[6]. En 1647, elle est rattachée à Saint-Huruge. A partir de 1746, elle est unie à Saint-Marcelin-de-Cray. A la Révolution française, elle est finalement rattachée à Joncy.

Le 7 Juillet 1829[7], un ordre de démolition est établi sur arrêté, l’église étant jugée en trop mauvais état. Les matériaux doivent ensuite être vendus au profit de l’église de Joncy. Les habitants de Saint-Martin-la-Patrouille se mobilisent cependant pour sauver leur église, ce à quoi ils parviennent finalement. La cloche de bronze de l’église, d’une centaine de kilos, est néanmoins enlevée par le curé et les habitants de Joncy le 18 Juillet 1829 et récupérée pour leur église. En Août 1829, le conseil municipal de Saint-Martin-la-Patrouille se rassemble et décide le rattachement à Saint-Huruge pour le culte, la conservation de leur église, et la demande de restitution de la cloche. Les habitants, le maire, l’adjoint et le conseil municipal témoignent de leur attachement à l’édifice dans une lettre au préfet. Ils déclarent en être propriétaires depuis plus de trente ans, et avoir acheté une cloche pour reprendre le culte après la Révolution. Ils en soulignent également la nécessité, le clocher servant à l’époque en de nombreuses occasions : pour l’office et les prières, pour annoncer les décès, les heures de la journée, mais aussi les dangers et les rassemblements de la population. Les habitants demandent à garder leur église et à récupérer leur cloche. On ne sait cependant pas si cette demande a abouti.

En 1832, un dessin de l’église est fait par Fabian van Riesembourg[8]. Il permet de visualiser l’édifice roman, qui pourrait remonter au XIe siècle : il est alors constitué d’une nef unique rectangulaire, d’une travée sous un clocher carré avec baies simplet, et d’une abside. Ce dessin rend compte de l’effondrement de la couverture en laves de la nef, mais permet de constater que les murs sont encore debout. En 1839, un devis est commandé par la commune afin de transformer le chœur de l’église en une chapelle. Il s’élève à plus de 300 francs, mais n’est visiblement pas accepté ou réalisé.

En 1913, la nef s’effondre finalement. Ses vestiges, ainsi que les restes du clocher et de sa travée sont détruits peu après. Les matériaux liés à la destruction et à l’effondrement sont utilisés pour faire l’empierrement d’un chemin vicinal[9]. Le chœur roman du XIe siècle est quant à lui conservé et transformé en chapelle. Il est fermé par un pignon moderne ouvert d’une large baie vitrée.

La chapelle a depuis été entièrement restaurée. Elle est désormais régulièrement entretenue et a fait l’objet d’une belle mise en valeur. L’enceinte du cimetière dans laquelle elle se trouve a été complètement réaménagée. La chapelle est accessible aux visiteurs.

  • Saint-Martin :

Né en 316, il est soldat dans l’armée romaine. En 337, il partage son manteau avec un pauvre mendiant qui meurt de froid, et reçoit la Révélation. Il se convertit alors au christianisme et quitte l’armée. Il se forme ensuite auprès d’Hilaire, évêque de Poitiers, à partir de 356. Il vit ensuite en ermite, avant de fonder le premier monastère d’Occident à Poitiers après son retour d’exil. Il est par la suite enlevé par des tourangeaux, puis élu évêque de la ville en 371. Il fonde les premières églises rurales de Gaule, ainsi que le monastère de Marmoutier. Saint Martin meurt en 397 et est enterré à Tours. Il est le saint patron des hôteliers, des cavaliers et des tailleurs.

Description architecturale

GLOSSAIRE : Bourgogne Romane

Plan de la chapelle Saint-Martin ©Pastorale du tourisme 71

A l’origine, l’église Saint-Martin était composée d’une nef unique rectangulaire, d’une travée sous un clocher carré avec des baies simples en plein cintre, et d’une travée droite suivie d’une abside à l’est. Ce plan est typique des petites églises romanes rurales de la région. De cet édifice, il ne reste aujourd’hui que le chœur, c’est-à-dire la travée droite et l’abside. La petite chapelle domine la campagne environnante et le bourg dans la vallée.

La chapelle Saint-Martin est fermée à l’ouest par un pignon moderne percé d’une large ouverture en plein cintre, entièrement vitrée. Une petite croix en pierre se trouve à la pointe du pignon triangulaire. Cette façade moderne est suivie d’une courte travée droite nue, puis d’une abside. Celle-ci est outrepassée, c’est-à-dire que son extrémité est moins large que son diamètre (forme de fer à cheval). Ce plan pourrait suggérer l’existence d’un lieu de culte encore plus ancien[10], antérieur à celui du XIe siècle. L’abside est en petit appareil et est épaulée de contreforts peu saillants. Ils se terminent en glacis, un peu en dessous de la toiture de laves du chœur, et permettent de contrebalancer la pente du terrain. L’abside est ouverte de trois baies romanes en plein cintre très étroites et doublement ébrasées. A l’intérieur, la petite chapelle est très lumineuse et paisible. Elle a été restaurée récemment. Le sol est couvert de carreaux à motifs. La travée droite est voûtée d’un berceau plein cintre. L’abside est, elle, voûtée d’un cul-de-four. Elle accueille un petit autel dédié à la sainte Vierge.

Inventaire décor et mobilier

  • Petit autel en pierre sur deux colonnettes
  • Statues :

Vierge à l’Enfant, couronnée (autel)

Statuette de Jeanne d’Arc (autel)

Le Sacré-Cœur

  • Crucifix en bois
  • Représentation de saint Martin partageant son manteau, peinture sur contreplaqué.
  • Plaques commémoratives des soldats morts au combat pendant la Première et la Seconde Guerre Mondiale
  • Vitrail blanc
  • Monument aux Morts (devant l’entrée de la chapelle, dans l’enceinte du cimetière)

Rénovations / Etat

  • Rénovations :

XIXe :

1829 : projet de destruction de l’église, non-réalisé ; enlèvement de la cloche

1832 : la couverture de la nef est effondrée, les murs sont encore debout

1839 : projet de transformation du chœur en chapelle, non-réalisé

XXe :

1913 : effondrement de la nef, destruction des vestiges du clocher ; transformation du chœur en chapelle, fermé par un pignon avec baie vitrée

XXIe :

Restauration et mise en valeur de la chapelle

  • Etat :

La chapelle est en très bon état et est régulièrement entretenue. Elle a fait l’objet d’une belle mise en valeur.

  • Classement :

/

Actualités

Pour suivre l’actualité de l’édifice, contacter directement la mairie.

Visite

La chapelle est d’ordinaire ouverte et donc libre de visite. Pour planifier une visite, se renseigner auprès de la mairie.

Elle est accessible aux personnes à mobilité réduite.

Association engagée

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Iconographie ancienne et récente

Dessin de la chapelle Saint-Martin ©Pastorale du Tourisme 71


Crédit Photos: CEP

Plans cadastraux

Cadastre actuel, cadastre.gouv

Bibliographie

  • DESSERTENNE, Alain, « Saint Martin et les vieux chemins du Chalonnais », Images de Saône-et-Loire, n° 94, 1993, pp 2-6.
  • MONTEGUT, Jean, « L'église de Saint-Martin-la-Patrouille en 1832 », Mélanges d'histoire et d'archéologie offerts au professeur Kenneth John Conant par l'association Splendide Bourgogne, Éditions Bourgogne-Rhône-Alpes, Mâcon, 1977, pp 161-162.
  • RIGAULT, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, 2008.
  • VIREY, Jean, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Mâcon, Mâcon, Protat, 1935, 474p.

Sources

  • Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental, 1969 et 1978 :

Archives départementales de Saône-et-Loire

  • Fiche édifice de la Pastorale du tourisme 71 :

Saint-Martin-la-Patrouille

  • Fiche édifice de la Bourgogne Romane :

Saint-Martin-la-Patrouille

Propriétaire / Contact

Commune de Saint-Martin-la-Patrouille

03 85 96 26 46

mairie.stmartinlapatrouille@wanadoo.fr

Patrimoine local et/ou folklore

  • Tuileries de Bissy et de la Bellevelle, XIXe siècle, inscrites au titre des Monuments Historiques.

Eglise en partie romane, dont l’origine remonte au XIIe siècle. De l’église actuelle, seuls le clocher et sa travée appartiennent à l’édifice roman.

Le clocher roman est orné d’arcatures lombardes et de baies sur colonnettes à chapiteaux sculptés.

Eglise romane construite en deux phases, aux Xe et XIIIe siècles.

L’opus spicatum est omniprésent dans la maçonnerie de l’édifice (nef).

Elle a été agrémentée de chapelles à l’époque gothique.

L’église est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1950.

Eglise romane construite en deux phases, aux Xe et XIIe siècles.

L’opus spicatum est omniprésent dans la maçonnerie de l’édifice (façade et nef).

L’église est classée Monument Historique depuis 1927. Des peintures anciennes rénovées sont visibles dans la nef et le chœur, dont notamment les restes d'une litre funéraire.

Notes et références

  1. Rigault, Jean, Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire, 2008
  2. Oursel, Anne-Marie et Raymond, Fiche d’inventaire départemental.
  3. Rigault
  4. Ibidem
  5. Ibidem
  6. Oursel
  7. Ibidem
  8. Conservé aux Archives Départementales de Saône-et-Loire
  9. Oursel
  10. Alain Guerreau